dimanche 18 mars 2012

Lettre ouverte aux soutiens politiques du directeur du MRAX


Peut-on, dans un Etat de droit, créer un espace dictatorial et discriminatoire dans lequel le pouvoir politique et institutionnel ne peut intervenir prétextant le principe de la liberté associative ?

Depuis quelques années, des dysfonctionnements graves au sein du MRAX (Mouvement contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Xénophobie) ont entraîné une diminution drastique de l’aide que les organismes publics accordent à l’association. Après plusieurs mois d’observation de la situation, la composante africaine de Belgique, au travers de 126 associations et du Collectif des Associations subsahariennes ex-partenaires du MRAX, tiennent à exprimer solennellement leur profonde déception face aux événements survenus dans et autour de cette association.

Il est aujourd’hui évident que le Mrax est en nette rupture avec l’Histoire de l’Antiracisme belge. Dans les faits et dans les textes, il s’éloigne des valeurs et des principes à l’origine de sa création. Les dissensions internes mettent à jour une équipe et une association gravement divisée, des travailleurs humiliés, épuisés et terrorisés par leur directeur. Aussi, le Mouvement ne remplit plus selon nous ses missions de défense des victimes et de sensibilisation des auteurs de discrimination.

Sous la houlette de son directeur, anciennement président, l’association s’est par ailleurs évertuée à mettre en oeuvre des mécanismes de discrimination qui maintiennent et reproduisent au sein du Mouvement l’asymétrie sociale que vivent les Noirs dans la société globale. A titre d’exemple, le dimanche 18 mars, le Mrax organise une Semaine d’Action Contre le Racisme, lors de la soirée d’ouverture, il sera question de l’identité Noire. Cette activité, pour laquelle des subsides étatiques ont été perçus est organisée sans la participation de certains employés qui ont travaillé, avec nous, sur ces questions du fait de leurs origines africaines.

En effet, engagées depuis l’année 2010 dans un partenariat constructif avec le MRAX, les associations membres de notre Collectif ont participé avec énergie à l’un des seuls groupes d’éducation permanente qui fonctionnait encore, baptisé le « Groupe de Travail Afrique - Noirs ». Dans le cadre de cette collaboration, nous avons pu faire certains autres constats accablants :
  • le mépris total des propositions formulées par des membres du « GT Afrique - Noirs ».#
  • le peu de considération accordé aux activités réalisées par le « GT ».
  • le manque total de moyens qui auraient dû être alloués aux activités de ce même « GT »#

Les associations africaines de Flandre, de Wallonie et de Bruxelles déplorent que le travail du Collectif dans le cadre du « GT Afrique » et les activités, pourtant florissantes aient été stoppées. Pourtant, c’était en pleine tourmente que les dirigeants avaient sollicité l’associatif africain subsaharien, les invitant à créer ce GT. Nous avions d’ailleurs apporté un soutien à la candidature de certains de nos représentants au Conseil d’Administration du Mouvement, mais ceux-ci ont été poussés à la démission dans une ambiance d’harcèlements déployés par l’actuel directeur et ses alliés au sein du Conseil d’Administration.

Les attitudes de l’actuel directeur, tant contre les travailleurs que contre les administrateurs, en majorité (mais pas uniquement) d’origine subsaharienne, a fini de nous convaincre non seulement de l’esprit communautariste du directeur du MRAX, mais aussi de la croisade qu’il a décidé d’entreprendre contre les associations, les travailleurs et les administrateurs subsahariens du MRAX. Pour un homme qui a été porté aux hautes fonctions du MRAX parce qu’il est issu d’une minorité discriminée, c’est un bien triste comportement qu’à son tour, il discrimine sans scrupules, une autre minorité déjà discriminée. Cette discrimination devenue structurelle et systématique trahit les fondements même de la réforme du Mouvement, qui avait voulu donner l’exemple en accordant de la valeur aux minorités discriminées. Cependant, avec la série de réactions et de casseroles qui lui collent aux chaussures, tant par rapport au droit du travail qu’à des institutions comme Actiris, le directeur du MRAX n’aurait pas résisté sans des soutiens politiques forts, que nous avons clairement identifiés, au sein et surtout en dehors même du CA du MRAX.

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Nous souhaitons donc attirer l'attention de ces soutiens politiques du directeur du MRAX, principal responsable de cette cacophonie et de cette désolation sur le fait qu'ils doivent prendre pleinement conscience qu'en continuant à soutenir une personnalité aussi hautement problématique, qui en arrive à se mettre à dos des institutions tels que Actiris ou les syndicats, ils lancent aux franges de la population victimes de racisme que sont les Subsahariens, un message clair : « vos intérêts valent moins que notre poulain ».

Les Subsahariens ont parfaitement reçu ce message, et espèrent que les soutiens politiques du directeur du MRAX et leurs partis politiques resteront cohérents quand viendra très prochainement l’heure de se retrouver devant eux pour solliciter leurs suffrages pour toute élection où, naturalisés ou non, ils seront en mesure de participer.

Le Collectif se promet de se faire un devoir d’appeler les Subsahariens à vérifier cette cohérence et à agir en conséquence.




CONTACTS

Collectif Mémoire Coloniale et lutte contre les discriminations
memoirecoloniale@gmail.com